A Paris, 72 logements (+ crèche et commerces) signés ITAR
Participant au renouvellement urbain du boulevard Ney et de la porte de Clignancourt 5Paris XVIIIe), le nouveau bâtiment conçu par ITAR (Ingrid Taillendier Architectures) et livré en juillet 2020 opère une scission en deux volumes reliés par un socle commun occupé par la crèche. Pour un coût de 9,9 M€ HT, compter au programme (5 200 m² SDP) : 72 logements locatifs sociaux, une crèche de 66 berceaux et deux commerces. Communiqué.
Contexte
Cette densification d’une parcelle existante des années 70 permet d’aligner le bâti au boulevard Ney, de mieux le tenir et de l’animer. Respectueux de l’architecture moderniste des tours existantes, le positionnement des deux plots de six et neuf étages qui se font face, et leur épannelage en retraits successifs, parviennent à libérer des vues pour les tours existantes comme pour les nouveaux logements et favorisent l’ensoleillement de la cour de la crèche.
Par un jeu d’effets de glissement, les étages sont traités comme des strates prêtes à coulisser qui affinent les volumétries. Aux angles droits des tours existantes s’opposent les angles arrondis du bâtiment, qui présentent un jeu de matériaux favorisant transparence et lumière.
Des jeux d’assemblages géométriques de briques dessinent un motif délicat animant les façades tandis que leurs angles et les garde-corps des terrasses et loggias sont faits d’un assemblage aérien de briques ajourées, comme des moucharabiehs modernes.
L’utilisation de la brique pleine et du mode constructif poteaux / dalles / remplissage dialogue avec l’histoire des HBM, tout en assumant par sa couleur blanche et ses jeux de modénature un langage très contemporain.
Densification d’une parcelle des années 70
Le défi du projet a été de travailler en liaison directe avec le projet existant élaboré par l’architecte Dubuisson pour la résidence Jean Cocteau. C’est donc à partir de l’analyse du site que les différentes entités du programme ont été implantées, en continuité avec la géométrie de cette résidence et dans une logique de cadrage urbain équilibré et respectueux de son état originel.
L’implantation des volumes s’est naturellement faite en continuité du jeu de quinconce des tours. La plus forte contrainte qui était de préserver les vues bénéficiant aux tours existantes, a amené à travailler une scission en deux volumes distincts reliés par un socle commun en rez-de-chaussée de manière à créer un front bâti fragmenté : un volume de neuf étages à l’ouest et un volume en six étages à l’est qui viennent occuper l’angle de la partie sud-est de la parcelle.
Les logements
Conçu comme un bâtiment homogène malgré sa décomposition en deux plots, il se glisse le long du boulevard Ney comme deux objets sculptés développant en cœur d’îlot un système de terrasses en gradins, comme autant de multiples strates paysagères offrant un maximum de dégagement aux logements.
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Les deux plots de logements ont été conçus pour former un tout : l’égalité de traitement dans le choix des matériaux et des couleurs crée une cohésion globale.
Les logements sont en majorité traversants ou double-orientés, voire triple orientés. Ils se prolongent par de grandes terrasses permettant de mettre en relation par l’extérieur, un séjour, une chambre et/ou une cuisine et de « voir chez soi depuis chez soi ».
Certains logements privilégient la séparation zone nuit / zone jour. D’autres, au contraire, privilégient une chambre commandée par un séjour pour des usages différenciés (bureau, salle à manger, salle télé, salle de jeux, « suite parentale », etc..
Espaces extérieurs généraux
La scission en deux volumes différenciés et leur découpe en gradins tournés vers le cœur d’ilot permettent d’offrir un ensemble d’espaces extérieurs constitués de loggias et de terrasses. Bénéficiant aux logements orientés sud, est et ouest, elles sont l’opportunité d’être utilisées comme espaces d’usage à part entière avec vues dégagées, tout en permettant de structurer la façade.
Chaque logement possède un espace extérieur généreux traité en loggia inscrite dans le volume. Les loggias creusées dans les volumes en briques forment le caractère de la façade. Les espaces extérieurs prolongent les séjours largement vitrés sur l’extérieur et participent à la qualité du logement. Des filtres de briques viennent les protéger par rapport aux vis-à-vis des tours environnantes rendant ces balcons comme de véritables extérieurs à soi, appropriables comme on l’entend.
Parties communes
L’accès aux logements se fait par deux halls différenciés, tous situés sur le boulevard Ney, l’un pour le volume R+9 (bâtiment A) et l’autre pour le volume en R+6 (bâtiment B). Les halls d’entrée sont ainsi des éléments majeurs du parcours où l’on peut se croiser entre voisins en ouvrant son courrier, attendre à plusieurs. « C’est un lieu que nous avons voulu généreux, largement vitré, lumineux », précise ITAR.
Chaque hall donne accès en rez-de-chaussée à l’ensemble des locaux communs (locaux poubelles, local poussettes, local vélo et locaux techniques). Ces halls ne donnent pas accès au cœur d’îlot de la résidence Jean Cocteau, rendant ainsi entièrement indépendant le nouveau bâtiment des tours existantes.
Par ailleurs, les circulations sont éclairées naturellement, favorisant la montée à pied des escaliers et pouvant initier du lien social à chaque palier d’étage. Ces espaces communs sont de véritables sas entre l’espace public, la rue, et l’espace très privé qu’est le logement. Les éclairer naturellement les qualifie, les rend agréables pour rencontrer son voisin et attendre l’ascenseur. Leur qualité est essentielle pour garantir une meilleure notion de vivre ensemble car un immeuble est une petite collectivité où chacun peut avoir le choix de faire partie ou non de cette petite communauté tout en protégeant son intimité.
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