Baccalauréat : en Corse, des lycées bloqués pour réclamer l'aménagement de l'examen en contrôle continu
À Ajaccio, à Bastia, ou dans le Fiumorbu : plusieurs lycées de l'île sont bloqués par leurs élèves depuis la reprise des cours en présentiel, lundi 3 mai. Les lycéens s'estiment insuffisamment préparés pour le passage du Grand oral, et réclament une prise en compte totale du contrôle continu.
Pour Andréa Colette, étudiant en terminale STMG et représentant des élèves élu au CVL (conseil des délégués pour la vie lycéenne) au lycée du Fiumorbu, le constat est clair : "Nous ne sommes pas du tout assez préparés."
Avec une vingtaine de ses camarades de classe, le jeune homme a organisé le blocage de son établissement, ce mercredi 5 mai.
Comme plusieurs de ces camarades de classe, le jeune homme regrette la décision du ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, de maintenir des épreuves du baccalauréat en présentiel, notamment le Grand oral.
"Cela aurait été envisageable si les cours avaient entièrement repris en présentiel, estime Andréa, mais là, nous sommes repassés en demi-jauge, ce qui fait que nous avons 10 jours de cours dans le mois, et pour des matières qui ne concernent pas uniquement l'oral. Le résultat, c'est que nous n'avons tout simplement pas assez de temps pour pouvoir correctement étudier et passer l'oral dans de bonnes conditions."
Aménagement du bac en contrôle continu
À la place, les élèves réclament l'aménagement de l'examen en contrôle continu, comme cela avait déjà été le cas l'an passé. Une manière "plus juste" de les juger au vu de la situation sanitaire, estiment-ils.
Le ministère de l'Education nationale a bien laissé entendre que les jurys prendraient en compte la situation exceptionnelle et se montreraient plus indulgents dans la notation des élèves, le jour de l'examen. Mais Andréa n'est pas vraiment convaincu de la véracité de cette annonce : "Pour l'instant, ce ne sont que des mots. Tant que ça ne sera pas écrit, je n'y crois pas."
Alors avec une vingtaine d'autres étudiants, il organise le blocage de son établissement, ce mercredi 5 mai. Un blocage quasi-intégral, "on a tout de même laissé passer les élèves en CAP (certificat d'aptitude professionnelle) qui passaient une épreuve", indique Andréa, "mais pour le reste, on a tout bloqué avec des palettes et en restant devant, tout simplement. C'est notre seul moyen pour nous faire entendre."
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Le lycée du Fiumorbu n'est pas le seul établissement scolaire bloqué au cours des derniers jours. La journée du lundi 3 mai, date de reprise en présentiel des cours pour les lycéens, a été émaillée de nombreux blocus et manifestations d'élèves en France.
Une mobilisation qui a concerné plus d'une centaine d'établissements, répondant à l'appel de l'Union nationale lycéenne (UNL) et du Mouvement national lycéen (MNL), pour un baccalauréat en contrôle continu.
En Corse, 5 blocus ont été recensés, comme aux lycées Paul Vincensini et Fred Scamaroni, ou encore au lycée Fesch, à Ajaccio.
"C'est en voyant les blocages à Ajaccio qu'on s'est dit qu'on devait faire pareil. On en a discuté, et puis l'idée nous est venue à tous. Cela nous paraissait logique de nous organiser, de faire quelque chose", raconte Andréa Colette.
Il assure avoir reçu le soutien, ou du moins "la compréhension", du personnel éducatif et de la direction de l'établissement scolaire. "Le problème, c'est qu'à leur échelle, ils ne peuvent rien faire. Tout est entre les mains du gouvernement."
L'adolescent a sollicité, avec ses camarades, un rendez-vous auprès de la rectrice de l'académie de Corse, Julie Benetti, afin de faire valoir leurs arguments. En visioconférence ou en présentiel. "Le rectorat a contacté la directrice du lycée pour leur dire que la rectrice ne parlerait pas tant qu'il n'y aurait pas d'annonce du ministre. Forcément, c'est une réponse qui ne nous convient pas du tout."
Des élèves bientôt reçus par la rectrice
Contactée par France 3 Corse ViaStella, le rectorat de l'Académie de Corse assure de son côté dans un communiqué que la rectrice recevra demain à 11h les représentants du Conseil Académique de la Vie Lycéenne. Le ministre de l'Education nationale, est-il précisé, "fait preuve de la plus grande écoute envers les lycéens dont il a réuni régulièrement, depuis le début de cette crise sanitaire, les représentants du Conseil National de la Vie Lycéenne. Hier encore, il échangeait par visioconférence avec les organisations lycéennes".
"Nos lycéens doivent être assurés que la plus grande bienveillance prévaudra dans leur évaluation".
En l'attente de peut-être futures annonces, Andréa Colette et ses amis l'assurent : sauf recul de Jean-Michel Blanquer et annulation du Grand Oral, ils continueront de bloquer leur lycée, aussi longtemps qu'il le faudra.
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