Hôtels, restaurants : les pourboires payés par carte bancaire bientôt défiscalisés
C'était une proposition portée par le Modem. À l'occasion de sa visite au salon Sirha de Lyon, dédié à l'hôtellerie, la restauration et l'alimentation, le président de la République a annoncé ce lundi matin que les pourboires payés par carte bancaire dans le secteur HCR (hôtellerie-restauration) seront bientôt défiscalisés.
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«On va passer les textes dans les prochaines semaines», a indiqué le locataire de l'Élysée, qui souhaite que les pourboires payés par carte bleue soient «défiscalisés et sans charge» pour l'employeur comme pour le salarié. «C'est une mesure qui ne coûte rien, car aujourd'hui, ça ne marche pas», a-t-il noté. La mesure doit être effective «le plus vite possible», afin de renforcer le pouvoir d'achat des travailleurs du secteur. Ce changement a été applaudi par les participants au salon, présents autour d'Emmanuel Macron. «Moi, j'y crois beaucoup», a lancé le président de la République, qui a rappelé que les Français s'étaient massivement tournés vers les paiements dématérialisés durant la crise sanitaire.
Traditionnellement, les pourboires sont plutôt payés en liquide, les clients déposant leur monnaie avant de quitter l'établissement. Mais, ici aussi, l'évolution des modes de paiement se fait ressentir. Si de nombreux clients souhaitent payer un pourboire par carte bleue, les professionnels se montrent plus mitigés : si la monnaie peut disparaître dans une poche, les paiements par carte bancaire sont déclarés et imposés. En outre, le pourboire payé en monnaie a reculé durant la crise sanitaire, alors que le paiement dématérialisé gagnait du terrain. Un manque à gagner ressenti par les salariés.
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La mesure doit donc modifier cette situation, en adaptant le système du pourboire aux modes de paiements modernes. Le pourboire par carte deviendra plus attractif pour les employeurs, les clients comme les employés. Ce changement doit aussi soutenir les salariés de l'hôtellerie et de la restauration, qui souffrent de conditions de travail éprouvantes ainsi que de bas salaires. Ces professions pâtissent d'un manque d'attractivité et elles ont vu des dizaines de milliers d'employés quitter les rangs durant la crise sanitaire. Plus de 120.000 personnes manqueraient à l'appel, selon l'Umih et le GNI, principaux syndicats représentatifs du secteur. De quoi mettre en difficulté de nombreux établissements.
Emmanuel Macron a estimé que «plusieurs leviers» pouvaient être activés pour lutter contre ces difficultés de recrutement. D'abord, la réforme de l'assurance-chômage, «dont l'objectif est d'inciter à reprendre le travail». Ensuite, la «formation» des chômeurs et personnes cherchant à se reconvertir. «L'apprentissage» a également été cité, de même que «l'attractivité des professions». Un point sur lequel «il faut qu'on travaille tous ensemble», a avancé le président de la République. «Ça se fait, on peut être collectivement plus intelligents», a-t-il lancé, rappelant que ces métiers devaient prendre en compte les «contraintes personnelles» des salariés, et réfléchir à une meilleure organisation du travail. «Il y a un avenir, il faut y aller [...] Ce sont des métiers de sens», a-t-il martelé.
Négocier pour la branche ou dans les entreprises ?
À elle seule, cette mesure ne suffirait pas à attirer les recrues nécessaires pour combler les vides. Mais elle rentre dans le cadre de discussions plus larges sur le secteur : des discussions visant à améliorer l'attractivité de ces métiers se déroulent entre patronat et syndicat, et la ministre du Travail, Élisabeth Borne, a indiqué il y a peu avoir demandé aux représentants des pistes et une feuille de route pour soutenir ce secteur ayant encaissé de plein fouet la crise sanitaire. «Les minima de branche, dans ce secteur, sont en dessous du smic. En termes d'attractivité du secteur, je pense que c'est un très mauvais signal», avait-elle notamment tancé.
Si «chacun doit prendre sa part», y compris les employeurs, selon la ministre, le Modem propose, selon Les Échos , de profiter du débat sur le budget 2022 pour défiscaliser les pourboires dans le secteur HCR. «Il nous semble opportun de défiscaliser les pourboires et de faire levier de la générosité des Français pour renforcer l'attractivité de ces métiers», expliquait le député (Modem) Jean-Noël Barrot à nos confrères.
Les employeurs restent, quant à eux, prudents : sur LCI, ce lundi, le patron du Medef a fustigé une «vision nationale de l'économie depuis Paris», rappelant que le bilan de l'année différait pour les hôtels et restaurants selon les territoires. «C'est plutôt dans les entreprises que ça se passe», a souligné Geoffroy Roux de Bézieux, indiquant que l'échelle locale serait plus pertinente que celle de la branche pour négocier les salaires.
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