« Le Roi fantôme », « Ils ont tué Oppenheimer », « Parole donnée »… Nos conseils de lecture
LA LISTE DE LA MATINALE
De la résistance des Ethiopiens lors de l’invasion des troupes italiennes en 1935, racontée par Maaza Mengiste, aux échecs et réinventions de la solidarité en Seine-Saint-Denis pendant le premier confinement, objet d’une enquête du sociologue Jean-François Laé, les premiers livres de la rentrée de janvier ouvrent largement la focale. On y retrouve le physicien Robert Oppenheimer, l’un des concepteurs de la bombe atomique, dont Virginie Ollagnier retrace la chute. On y plonge, grâce au premier roman de Zhang Guixing, dans l’atmosphère oppressante de Bornéo pendant la seconde guerre mondiale. Et l’on se perd dans le parc naturel de Quetico, au Canada, où les personnages de Pete Fromm sont partis accomplir un dernier voyage.
Le Roi fantôme est le roman d’une résistance devenue mythique : de l’invasion de l’Ethiopie par les troupes de Mussolini, en 1935, à la victoire miraculeuse d’un peuple peu armé contre les tanks et les armes chimiques des Italiens, en 1941. Dans un savant dosage de détails documentés et de références homériques, Maaza Mengiste orchestre scènes de combats, d’exactions et d’arrière-front, tandis qu’un chœur chante la gloire ou porte les drames des protagonistes.
Voici la cruauté d’un général fasciste ; la solitude de l’empereur Haïlé Sélassié en exil ; l’espoir suscité par un villageois prénommé Minim (mot qui signifie « rien » en amharique) ; la bravoure des combattantes éthiopiennes. Parmi elles, Hirut, « fille de Getey et Fasil, née en un temps de moisson bienheureuse, épouse aimée et mère aimante, soldat ». Orpheline, héritière du fusil de son père, elle mène des centaines d’hommes au combat.
Le Roi fantôme raconte la geste d’Hirut. La guerrière fut le sujet d’Ettore, un photographe de l’armée italienne, qui réalisa des clichés d’elle après sa capture. Le prologue du roman, situé quarante ans après les faits, la montre en possession d’une boîte renfermant les archives d’Ettore, qui s’est installé à Addis-Abeba. Va-t-elle la lui rendre ou s’en servir pour raconter sa version de la guerre ? La prose superbe de Mengiste semble en libérer le contenu, faisant passer soldates, villageois résistants ou collaborateurs, prostituée et cuisinière à la postérité. Gladys Marivat
Einstein mis à part, quel physicien pourrait se prévaloir d’avoir fasciné au point d’inspirer, outre une palanquée d’ouvrages historiques et scientifiques, une série télévisée (en sept épisodes sur la BBC, en 1980), plusieurs téléfilms, le long-métrage Les Maîtres de l’ombre, de Roland Joffé (1989), un opéra (Doctor Atomic, de Peter Sellars, créé en 2005)… ?
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