Verdict au procès Mireille Knoll: perpétuité pour le meurtrier Yacine Mihoub
On ne saura sans doute jamais avec certitude si c'est lui seul qui a porté les onze coups de couteau sur celle qu'il appelait sa « grand-mère de substitution », Mireille Knoll. Mais pour la cour d'assises de Paris, Yacine Mihoub, 32 ans, le fils de la voisine du septième étage, est bien l'unique auteur du meurtre : il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans.
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Au moment de délibérer, les jurés ont-ils eu en tête, comme le leur avait enjoint un avocat de la famille, ces terribles photos, projetées à l'audience, « du cadavre calciné aux deux tiers, transpercé de onze coups de couteau » ? Un meurtre « particulièrement sauvage », selon les mots de l'avocat général, Jean-Christophe Muller : la frêle octogénaire, rescapée de la Shoah, atteinte de la maladie de Parkinson, avait été retrouvée poignardée et brûlée, le 23 mars 2018, dans son HLM du 11e arrondissement de Paris.
«Contexte global antisémite»
Le comparse de Yacine Mihoub, Alex Carrimbacus, 25 ans, un jeune marginal aux antécédents psychiatriques rencontré en prison, a été acquitté pour le meurtre de la vieille dame mais a été condamné à une peine de 15 ans de réclusion, assortie d'une peine de sûreté de deux tiers pour le vol de la victime. Le caractère antisémite du meurtre et du vol a été retenu par la cour d'assises. « C'est un jour important pour la justice !, s'est exclamé Me Gilles William Goldnadel, avocat des fils Knoll. Les juges ont été sévères mais justes en reconnaissant que Yacine Mihoub était le seul coupable. »
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Le matin, les débats s'étaient achevés sur les quelques mots de contrition des deux coaccusés : « Je n'ai pas tué Mme Knoll, je suis désolé pour sa famille, a déclaré Yacine Mihoub, sans émotion apparente. Je tiens à m'excuser auprès de ma mère pour ce qu'elle a subi ces trois dernières années. » À l'adresse des fils de la victime, Alex Carrimbacus a pour sa part lancé : « Je regrette de n'avoir rien fait, j'aurais pu faire, j'aurais dû faire, je regrette. »
Mardi, l'avocat général avait requis la réclusion criminelle à perpétuité à l'encontre de M. Mihoub, à ses yeux « seul responsable » du meurtre. Insistant également sur le « halo d'antisémitisme », rappelant que les « manifestations d'antisémitisme de M. Mihoub (étaient) évidemment nombreuses ». Après les attentats islamistes de janvier 2015, il avait écrit des graffitis sur les murs de sa cellule à la gloire des frères Kouachi et d'Amedy Coulibaly, le terroriste de l'Hyper Cacher. « C'était pour faire chier l'administration pénitentiaire », s'était-il justifié à l'audience. Évoquant ensuite les victimes de la Shoah avec une certaine désinvolture : « Un ou deux millions de morts, on ne sait pas. On ne peut pas le prouver. » Dans sa plaidoirie, son conseil, Me Charles Consigny, avait fustigé un réquisitoire aux « termes moyenâgeux » et un procès qui a « réduit (son client) à sa religion ».
«Comme un poison»
Les parties civiles et la défense d'Alex Carrimbacus avaient elles aussi accablé Yacine Mihoub. Isolant par exemple cette phrase interceptée lors d'écoutes téléphoniques pendant l'enquête. « Elle avait 85 ans ; j'aurais dû laisser la vie la bouffer », avait lâché Yacine à sa mère. « C'est très éloquent » sur le « grief contre Mme Knoll », en avait conclu Me Karim Laouafi, conseil d'Alex Carrimbacus. Selon lui, « l'élément déclencheur » remonterait à l'agression sexuelle perpétrée par Yacine Mihoub en 2017 sur la fillette de l'aide-soignante que logeait Mme Knoll. « Yacine le mytho se fout de nous !, s'était écrié un peu plus tôt Me Julien Charle, conseil des petits-enfants de la victime. Il a fait venir Carrimbacus pour avoir un associé, un coupable à ce crime. » C'est « la rencontre entre l'horreur et la lâcheté », avait quant à lui estimé Me Sébastien Journé, avocat des fils de Mireille Knoll.
Invité par Yacine pour « un plan thunes », Alex aurait assisté aux derniers coups de couteau et prêté un briquet qui a servi à mettre le feu. Il assure aussi que Yacine aurait crié « Allah akbar » au moment de porter l'ultime coup à la gorge de l'octogénaire. À son encontre, l'avocat général avait demandé dix-huit ans de réclusion pour vol aggravé : par « contamination », « l'antisémitisme, comme un poison, l'a atteint lui aussi », avait-il estimé, puisque l'appartenance à la religion juive de Mireille Knoll avait laissé croire à Alex Carrimbacus qu'il y aurait chez elle des objets de valeur à voler.
À côté de « l'antisémitisme que l'on connaît, celui des tueurs de l'Hyper Cacher, il y en a un autre beaucoup plus sournois, a mis en garde, lors de sa plaidoirie Me Valérie Boisgard, l'avocate de l'association Avocats sans frontières. Cette grand-mère qui avait fait face aux horreurs du IIIe Reich n'a possiblement pas reconnu ce nouveau visage de l'antisémitisme. Ou peut-être l'a-t-elle perçu trop tard… »
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Afin de « ne jamais oublier son assassinat antisémite », les fils de Mireille Knoll ont écrit au ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, pour lui demander qu'une journée nationale soit instituée le 23 mars, pendant la semaine annuelle d'éducation contre le racisme et l'antisémitisme, à sa mémoire. Y seraient associés, proposent-ils, « d'autres victimes de la barbarie » comme « le père Hamel, Arnaud Beltrame ou Samuel Paty ».
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