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Salariés, indépendants comment ils ont réinventé leur job pour faire face à la crise

Cet article est issu du magazine Management

Lorsqu’elle repense à l’année dernière, Marion, propriétaire d’une boutique de vêtements en banlieue parisienne, s’esclaffe : «Dire qu’avant le premier confinement, je ne voyais pas l’intérêt d’une boutique en ligne !» Rattrapée par la fermeture des commerces «non essentiels» en mars dernier, l’entrepreneuse est restée chez elle quinze jours, «à broyer du noir en pensant aux 30.000 euros de marchandises que je venais de faire rentrer». Et puis, la quadra a profité de son temps «très libre» pour poster des photos de sa nouvelle collection sur Instagram, avant de proposer à ses clientes fidèles des livraisons par La Poste. Pour le second confinement, elle était rodée et son site marchand flambant neuf a tourné à plein régime. «Depuis, je passe moins de temps en boutique et plus de temps à référencer mes vêtements… Mais, grâce aux réseaux sociaux, j’ai gagné des clientes en province !»

Indépendants ou salariés, nombreux sont ceux qui, comme Marion, ont dû réinventer durablement leur job durant la crise du Covid. De fait, 58% des salariés ne voient plus leur travail de la même façon et 74% estiment qu’il y aura un avant et un après-pandémie dans l’organisation de leur entreprise, selon une enquête Ifop, Siaci Saint Honoré, Wittyfit réalisée en juin 2020. Magali Rossello, dirigeante d’un cabinet de conseil en stratégie RH, le confirme : «La crise a accéléré la nécessité de changer son rapport au travail. J’accompagne ainsi des patrons qui ont pris leurs fonctions en plein confinement. Pour eux, le management vertical d’une équipe qu’ils ont à peine rencontrée se révèle impossible.» Et d’ajouter : «D’une façon générale, le contrôle sans valeur ajoutée s’est atténué. Avec le télétravail et le chômage partiel généralisé, les multiples niveaux de hiérarchie se sont parfois révélés inutiles, tandis que la production de chacun est devenue bien visible.»

La mise sous bulle de la quasi-totalité de la population lors du premier confinement a fonctionné pour beaucoup comme un temps de recherche, contraint certes, mais parfois salvateur. Magali Rossello estime ainsi que, parmi les femmes cadres qu’elle accompagne, un tiers a décidé de quitter ses fonctions et un autre tiers y réfléchit sérieusement. Pour la plupart, les femmes ont dû garder leurs enfants en même temps qu’elles assuraient leur mission et se sont aperçues qu’elles voulaient soit plus de flexibilité, soit être plus directement responsables de ce qu’elles faisaient. Les hommes ne sont pas en reste : «Parmi mes clients, trois top managers ont choisi de quitter leur poste au premier semestre 2020, au plus fort de l’incertitude, témoigne Magali Rossello. Ils ne souhaitaient plus être des pions dans un grand tout…»

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Salariés, indépendants comment ils ont réinventé leur job pour faire face à la crise

Manuel, ingénieur informaticien trentenaire, aurait ainsi pu attendre que la crise passe, bien au chaud dans la boîte où il a fait ses armes. Mais voilà : «Depuis qu’on avait été acheté par plus gros que nous, je ne me reconnaissais ni dans les process ni dans le discours de mes supérieurs. J’ai préféré partir et j’ai bien fait : j’ai trouvé un job plus créatif, un peu moins bien payé dans une boîte plus petite, mais j’ai l’impression d’avoir repris ma vie en main…» Un choix qui ne surprend guère Adrien Chignard, psychologue du travail et des organisations et fondateur de Sens&Cohérence. «La meilleure façon de lutter contre l’angoisse postcovidienne est la transformation du réel, autrement dit l’action», explique-t-il, avant de citer le philosophe Alain : «Le secret de l’action, c’est de s’y mettre.» Selon lui, les salariés ou les managers qui ont su relever les défis lancés par le Covid sont ceux qui ont développé un capital psychologique positif. C’est-à-dire ceux qui ont pour eux la confiance en soi (ils ne doutent pas de leur capacité à réussir), l’optimisme (ils savent s’attribuer leurs réussites), l’espoir (ils sont capables de persévérer et de modifier leur trajectoire si nécessaire) et enfin la résilience (ils savent rebondir face à l’adversité).

Par chance, tous ces paramètres peuvent s’acquérir ou se développer. La confiance en soi, par exemple, se gagne en concentrant ses efforts vers un but qui nous plaît au fil de petites victoires quotidiennes. Si l’on n’aime pas parler en public, on peut commencer par prendre la parole en petit comité, puis préparer une présentation avec un binôme avant de se lancer… Pour gagner en optimisme, «on n’hésite pas à solliciter des feed-back, conseille Adrien Chignard. S’entendre dire par autrui ce qu’on a réussi permet de mieux faire le lien entre sa performance et son action.» Développer l’espoir consiste à faire comme Manuel et à s’interroger sur son objectif professionnel. De même qu’à 5 ans, on peut avoir envie d’être policier sans que cela nous engage à vie, rien ne nous oblige à rêver du même job tout au long de notre existence ! Le tout est d’en prendre conscience. Enfin, pour renforcer sa résilience, poursuit Adrien Chignard, «on ne s’empêche pas de chercher autour de soi les signes qui peuvent nous donner le sentiment de mieux comprendre le monde. Tant pis s’il s’agit de constructions mentales : ils révèlent aussi un besoin.» Par exemple ? Interpréter la faillite de son entreprise comme le signe qu’il est temps de passer de la compta à la permaculture, depuis le temps qu’on en parle…

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On peut aussi changer son job sans en changer… de la même façon qu’on peut revoir la décoration de son appartement sans déménager. De fait, pour les psychologues spécialisés, la satisfaction au travail s’apparente à une transaction entre soi, le contenu de son job et l’environnement dans lequel on l’effectue. On peut donc modifier certaines de ces données, réinventer son boulot, par exemple, pour retrouver de la satisfaction à l’exercer. C’est ce qu’a fait Marc, conseiller en communication : «J’exerce dans la com depuis vingt ans et, à force, j’ai empilé les responsabilités. Mon travail s’est réduit à faire des plannings pour organiser le travail des autres… J’en ai parlé à mes supérieurs qui ont très bien compris ma frustration. Je dois récupérer le mois prochain une “vraie” mission auprès d’un client. Ouf !»

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Plutôt que le contenu de leur job, d’autres sont tentés de faire bouger l’environnement dans lequel ils l’exercent : selon le site SeLoger, près d’un quart des Franciliens se disent prêts à quitter leur région pour rejoindre la Bretagne ou les Pays de la Loire… Si ce mouvement se généralisait, il marquerait une véritable rupture : depuis la révolution industrielle, on travaille et on vit les uns à côté des autres dans des zones urbaines… Enfin, on peut également évoluer de façon plus personnelle. Adrien Chignard cite ainsi l’exemple d’un de ses clients, directeur de banque qui, depuis qu’il a des jumeaux, a replacé sa famille au centre de ses priorités et repoussé son travail en périphérie. L’essentiel ? Avoir le courage de la lucidité pour s’engager sur la voie du changement.

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