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House of Gucci Comme un épisode de luxe de Dynastie ★★★

À peine plus d’un mois après nous avoir offert l’excellent The Last Duel, bide injuste au box-office, le vétéran Ridley Scott (Blade Runner, Gladiator) nous propose un long métrage totalement différent, à coup sûr divertissant, mais dont la tonalité est tellement particulière qu’on ne sait trop où se situer.

Publié le 26 nov. 2021Marc-André Lussier La Presse

Dans House of Gucci (La saga Gucci en version française), personne ne semble jouer dans le même film, personne n’emprunte le même accent non plus, et l’on ne sait si le malin plaisir que les artisans semblent prendre à taquiner le grotesque et frôler le ridicule est volontaire ou pas. Pourtant, ce drame biographique soutient quand même l’intérêt. En vérité, on s’amuse de cette intrigue digne d’un roman-savon, qu’on regarde comme un épisode de luxe de Dynastie.

Inspiré d’une histoire véridique, visiblement romancée (Becky Johnston et Roberto Bentivegna ont tiré leur scénario d’un bouquin de Sara Gay Forden), le récit s’étale sur deux décennies afin de raconter le parcours de Patrizia Reggiani (Lady Gaga), une femme travaillant d’abord dans l’administration de l’entreprise de transport que dirige son père. Sa vie basculera le jour où elle épousera Maurizio Gucci, richissime petit-fils de Guccio Gucci, fondateur de la célèbre maison qui porte son nom.

Un opéra-savon en trois actes

Il y a d’abord la rencontre, dans les années 1970, au cours d’une grande fête privée où le DJ ne dispose apparemment que de trois albums de Donna Summer. Quand elle découvre enfin le nom de famille d’un grand inconnu tiré à quatre épingles, timide et maladroit, l’intérêt de Patrizia s’émoustille en moins de temps qu’il ne faut pour dire « arriviste ». Son jeu de séductrice la mènera jusqu’à l’autel, au grand dam de Rodolfo (Jeremy Irons), le père de Maurizio qui, du haut de son improbable accent britannico-italien, désapprouve l’union au point de couper les vivres à son fils.

On s’attarde ensuite à décrire la vie conjugale du couple, d’abord heureuse, marquée surtout par les manigances stratégiques de Patrizia afin que Maurizio obtienne le contrôle de l’entreprise. Cela signifie qu’elle fera tout ce qu’elle peut pour écarter l’oncle Aldo (Al Pacino, super éclaté) et l’imbécile de fils de ce dernier, Paolo (Jared Leto, méconnaissable et clownesque). Mais le mariage bat de l’aile. Et la jalousie s’installe.

Le dernier acte est consacré à tout ce qui mènera à l’assassinat de Maurizio dans une rue de Milan en 1995. Marquée par l’arrivée dans le décor d’une voyante que Patrizia découvre à la télé et qu’elle impliquera dans l’affaire (Salma Hayek), cette partie aurait en principe dû être la mieux ficelée. Or, rendu à cette étape, plus rien ne semble avoir de l’importance.

La scène dans un spa où les deux femmes discutent est déjà digne de figurer dans une anthologie psychotronique, tout comme celle, absurde, où des hommes de main sont mis à contribution. Dans ces circonstances, il est impossible de prendre ce film le moindrement au sérieux.

Même si l’histoire est véridique et implique de vraies personnes, House of Gucci n’a strictement rien d’une série true crime.

Si Adam Driver semble un peu éteint dans ce soap trop long où tout le monde en fait des tonnes, Lady Gaga trouve cependant ici un rôle à sa mesure. Les années 1980 lui vont à ravir.

En salle en version originale anglaise (avec de mauvais accents italiens) et en version française.

Drame biographique

House of Gucci

Ridley Scott

Avec Lady Gaga, Adam Driver, Jared Leto

2 h 37

★★★

Consultez l’horaire du film

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